À Lorient, des manifestants blessés et choqués après les violences du 23 mars
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Le rassemblement du 23 mars, au cours duquel le commissariat de Lorient a été attaqué, a fait des blessés chez les forces de l’ordre, mais aussi parmi les manifestants. L’un d’eux a fait un signalement à l’IGPN, une autre a porté plainte à la gendarmerie.
Des manifestations à Lorient, Marie en a fait des dizaines. Mais à 69 ans, elle n’en avait jamais connu une comme celle du 23 mars contre la réforme des retraites avec le commissariat visé par un incendie et attaqué à coups de pierres (*), des violences inédites dénoncées par les autorités et même des organisateurs de la manifestation. Quatre jours plus tard, la sexagénaire est toujours sous le choc et, avec sa fille Nolwenn, elle souhaite souligner la nervosité de la police ce jour-là. « D’habitude, c’est calme. Là, tout le cortège n’était pas encore arrivé dans le centre qu’il y avait déjà de la lacrymo. On n’a pas compris », confie Nolwenn. Peu après 13 h, alors que les forces de l’ordre tentent de faire évacuer le quai de Rohan, Marie est prise dans un mouvement de foule et se blesse au bras.
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Il est un peu plus de 13 h 15, Marie, 69 ans, est prise en charge par les sapeurs-pompiers, mais les incidents se poursuivent à quelques mètres de là. Quelques insta)nts plus tard, la police charge à nouveau. (Photo d’archives Le Télégramme/Hélène Musca) |
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Des manifestants mettent en place un cordon de sécurité pour la protéger et les sapeurs-pompiers lui portent secours. Mais la lacrymo continue de pleuvoir. « Un pompier s’est énervé et a demandé aux policiers d’arrêter le temps de la soigner. Ça n’a rien changé », enrage Nolwenn. Sa mère est finalement transportée à l’hôpital où elle est opérée d’une fracture de l’humérus. Quatre jours plus tard, les deux femmes se disent « écœurées et en colère ».
Une quinquagénaire blessée au visage
Emmanuelle et Ilona Esnault sont dans le même état d’esprit. La mère et la fille affirment avoir été victimes de violences policières. « C’était la première manif de notre vie. On n’était pas là pour casser », souffle Ilona. Pourtant, elle décrit une charge violente des forces de l’ordre. « On était en train de partir tranquillement quand on a reçu des coups de matraque par-derrière », poursuit la jeune femme, touchée aux fesses. Sa mère, âgée de 52 ans, est blessée au dos et à la tête.
Des manifestants la mettent à l’abri. Ilona, elle, voit rouge et retourne au contact des policiers. « Quand j’ai vu ma mère avec le visage en sang, j’ai vrillé. Je les ai insultés. Ils m’ont gazée. » Emmanuelle est soignée par les pompiers déjà présents sur place. Puis sa fille la conduit à l’hôpital où une interruption totale de travail de trois jours lui est délivrée. Selon Emmanuelle, une assistante maternelle qui n’a pas vraiment le profil d’une casseuse, l’usage de la force à son égard n’était pas légitime. Samedi, la quinquagénaire a déposé plainte à la gendarmerie de Port-Louis.
« J’ai tout de suite senti que c’était cassé »
Alexandre Tamic a tenté d’en faire autant au commissariat. En vain. Alors, il a fait un signalement à l’IGPN, la police des polices. Jeudi 23 mars, le jeune homme de 26 ans a été blessé bien avant les deux mères de famille. « Le commissariat n’avait pas encore été attaqué. J’ai poussé une poubelle vers les policiers. J’allais faire pareil avec une deuxième quand j’ai senti un impact violent au niveau de mon bras. » Alexandre affirme avoir reçu un tir de lanceur de balles de défense (LBD). « Je me suis écroulé et j’ai tout de suite senti que c’était cassé. J’étais désorienté. » Aux urgences, on lui diagnostique une fracture de l’avant-bras gauche. Il s’en sort avec six semaines d’immobilisation.
À ses yeux, son geste avec la poubelle ne méritait pas une telle réponse. « J’aurais pu prendre le tir dans la tête alors qu’il n’y avait pas de danger immédiat pour eux. Une lacrymo aurait suffi. » Alexandre dit ne pas voir de haine envers la police. « Je suis en colère contre le policier qui m’a fait ça. Et le manque de moyens et de formations qu’on leur donne ».