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Dans les Ehpad de Quimper et Concarneau, des résidents « sacrifiés »

Mardi 1er mars, Sud Santé sociaux et des aides-soignantes ont voulu « tirer la sonnette d’alarme ». Dénonçant les conditions de travail et la prise en charge des résidents dans les Ehpad du centre hospitalier de Cornouaille, à Quimper et Concarneau.

« On est inquiet pour nos maisons de retraite. On parle beaucoup d’Orpea, mais il y a aussi des dérives dans l’hôpital public », assure d’emblée Catherine Ferrant. Déléguée syndicale Sud Santé sociaux, la Quimpéroise est aussi aide-soignante dans l’un des cinq Ehpad du centre hospitalier de Cornouaille. Trois sont situés à Quimper, deux à Concarneau. Chacun accueille une centaine de résidents en moyenne. Des résidents aujourd’hui « sacrifiés », dénonce Catherine Ferrant.

 "En maison de retraite, il faut se battre pour tout"

En cause ? Les conditions de travail qui se « dégradent » dans les maisons de retraite. Des structures où « le matériel manque. Il faut se battre pour tout », déplore une aide-soignante. Un manque de moyens, couplé à un manque d’effectifs. Elle aussi déléguée syndicale, Caroline Guyader explique qu’« absentéisme » et « autoremplacement » sont légion. À ses côtés, une autre aide-soignante acquiesce. Elle qui a récemment dû rester en poste de 6 h 45 à 21 h 15 ; son collègue, tombé malade, ne pouvant assurer la relève à la mi-journée.

« En moyenne, c’est une douche par mois »
Des conditions de travail qui ont un impact direct sur les personnes âgées, expliquent d’une même voix aides-soignantes, infirmières et syndicalistes présentes mardi. « On va être franc, intervient Catherine Ferrant. En moyenne, c’est une douche par mois. Et on a vingt minutes pour donner à manger à six, dix personnes qui ne peuvent pas manger seules ». « En moins de dix minutes, il faut lever, faire la toilette et habiller les résidents », ajoute une collègue. Des personnes âgées qui « trinquent ». Et des professionnels qui ont « dépassé la honte ». « Humainement, on est bouffé », réagit une autre aide-soignante.

Une question de coûts ?

Une « maltraitance institutionnelle », accentuée ces dernières semaines. Depuis le début de l’année, plusieurs agents de services hospitaliers (ASH) du Chic sont « propulsés du jour au lendemain » dans les Ehpad, « à la place des aides-soignants » envoyés, eux, dans d’autres services de l’hôpital. D’ordinaire, ces agents se chargent de l’entretien. Mais dans les maisons de retraite, « elles doivent faire le travail des aides-soignants », assure Catherine Ferrant. Sauf qu’« elles n’ont pas eu de formation en soin avant ». Face à des résidents de plus en plus dépendants, à des pathologies parfois lourdes, ces ASH peuvent se retrouver « en difficulté ». Un temps de formation de 70 heures est pourtant prévu. Mais au dire de cette salariée, il est insuffisant. Elle qui précise que les aides-soignants sont, eux, formés dix mois.

Cette réorganisation, assure le syndicat, est dictée par les coûts. Il affirme, en ce sens, qu’en Ehpad, les aides-soignants perçoivent deux primes (la prime grand âge et la Nouvelle bonification indiciaire). Moins de 200 € bruts qu’ils ne touchent plus lorsqu’ils réintègrent l’hôpital et que les ASH, même en maison de retraite, ne perçoivent pas.