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Le Conseil de vie sociale des Ehpad de Kerlivio et de la Colline #GHBS

«Ce sont de véritables déportations qui sont prévues »

 

Ce qui se passe ici, c’est une tragédie silencieuse, une injustice que personne ne devrait avoir à vivre, encore moins nos aînés, ces femmes et ces hommes qui ont tout donné pour nous, et à qui l’on refuse aujourd’hui un peu de paix dans ce qui leur reste de vie.

« Ils sont ici chez eux », répètent les familles, comme un cri de désespoir face à une logique froide et implacable. Mais cette maison, cet Ehpad, ce lieu où ils ont doucement apprivoisé la vieillesse, est en train de devenir un simple espace qu’on vide et remplit au gré des décisions administratives, sans se soucier des vies qu’on brise en chemin.

Imaginez une résidente de 92 ans, assise dans sa chambre, les larmes aux yeux, à se demander si elle devra quitter ce qu’elle considère comme son dernier refuge. Elle a peur. Elle est perdue.

Ce n’est pas seulement une chambre qu’on lui arrache, c’est tout un équilibre, tout un monde déjà si fragile.

Et cette femme qui s’inquiète pour sa sœur… Que peut-elle dire à celle qui, si elle est déplacée loin d’elle, risque de sombrer dans le désespoir ? « Elle risque de se laisser mourir », confie-t-elle, le cœur lourd. Parce qu’à cet âge, une rupture, un déménagement forcé, ce n’est pas anodin : c’est un choc, une violence pure.

Pour d’autres, c’est la panique et l’urgence. Comme Danièle, qui préfère déménager sa mère avant qu’on l’y contraigne, pour garder un semblant de contrôle sur une situation déjà inhumaine. Déménager une vieille dame, c’est la priver une fois de plus de repères, la déraciner, comme si ce qu’elle ressentait n’avait aucune importance.

Ce qu’on impose ici, c’est une logique comptable, sans la moindre considération pour l’humain. Nos aînés ne sont plus des personnes, mais des chiffres dans un tableau Excel. Des colonnes à optimiser, des coûts à réduire. La direction de cet établissement n’entend ni les familles, ni les résidents. Pas un mot pour comprendre ce que vivent ces hommes et ces femmes, pas une seule preuve de compassion.

C’est un scandale. Une atteinte à la dignité humaine. Ces gens méritent bien plus que d’être traités comme de simples « résidents ». Ils sont des mères, des pères, des grands-parents. Ils sont des êtres humains. Et pourtant, on les abandonne, on les ballotte, on les prive de leur dernier chez-soi. Qui aurait le droit d’infliger cela ?

Cela ne devrait pas être une bataille. Ils ne devraient pas avoir à se battre pour rester là où ils se sentent en sécurité. Mais face à cette indifférence institutionnelle, c’est à nous, leurs familles, de porter leur voix, de dénoncer ce traitement indigne et de réclamer ce qui devrait être une évidence : qu’ils puissent vieillir avec dignité, avec respect, et avec un peu de paix.